7° Prédication Saint Joseph tout simplement

7° Prédication Neuvaine Saint Cordon

Dimanche 19 septembre 2021
Saint Joseph tout simplement

« Moi je voudrais chanter (je sens que vous prenez peur tout d’un coup !!!

Non, rassurez-vous, c’est une poésie de la petite Thérèse de Lisieux).

Moi je voudrais chanter

Marie pourquoi je t'aime
Pourquoi ton nom si doux fait tressaillir mon cœur
Et pourquoi la pensée, de ta grandeur suprême
Ne saurait à mon âme, inspirer de frayeurs

Oh je voudrais chanter Marie pourquoi je t'aime »

Promis, je ne chanterai pas mais je voudrais te dire « pourquoi je t’aime », cher Saint Joseph, notre saint comme l’appelle- le pape François.

Et plus aujourd’hui encore qu’avant cette neuvaine ! ( de 7 jours…)

Je t’aime Joseph, car tu as été un éducateur merveilleux pour Jésus.

  • Parce que tu as été le précieux gardien de Jésus et de sa mère, dès que l’ange t’a rassuré : « ne crains pas de prendre Marie chez toi  ».
  • Parce ce que tu as veillé sur Jésus pour qu’il grandisse en taille et en sagesse
  • Parce que tu as guidé ses premiers pas… et tu lui as appris la vie, le travail, la Miséricorde.
    Ou, tu lui as appris à rechercher ce qui fait l’âme grande et à fuir ce qui la rétrécit.

Peut-être étais-tu rabbin ? D’aucuns le disent. En tous cas, c’est sur tes genoux que Jésus a découvert la Torah… Tu lui en as appris le sens profond.

Avec Marie, tu lui as aussi appris à prier, à ouvrir les mains pour offrir, les lever pour louer et les joindre pour toute prière de demande au Père du Ciel.

Bien sûr, Jésus n’a pas tout pris de toi, tout copié sur toi , bien-sûr ! Il n’est pas ton clone mais que tu sois-béni pour tout ce que tu as appris à Jésus et pour avoir été un vrai père pour lui !

Jésus a appris à faire la volonté du Père à ton école, Joseph ! 

Nous voulons nous mettre aussi à ton école !

Je t’aime Joseph, car tu es le protecteur de l’Eglise

Tu as protégé le tout début de l’Eglise, sur un âne, en fuite vers l’Egypte. C’est cet  âne (ou son petit-fils) qui portera Jésus aux Rameaux.

Ta vie, Joseph, ta foi nous rappellent le psaume 32 : « Le salut d'un roi n'est pas dans son armée, ni la victoire d'un guerrier, dans sa force. Illusion que des chevaux pour la victoire : une armée ne donne pas le salut. Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour ».

Tu nous fais comprendre que les chrétiens aujourd’hui ne sont pas sur des chevaux ni à la tête d’une armée et qu’ils doivent fuir l’illusion que des chevaux donnent la victoire. Ils doivent avancer sur des ânes, comme leur Maître, humblement.

Aide-nous à chasser de nos cœurs, cette nostalgie d’une Eglise puissante, d’une Eglise qui serait brillante mais qui finalement parlerait davantage d’elle-même que de Jésus, cette illusion d’une Eglise qui serait plus dominatrice qu’une Eglise Servante, davantage une Eglise vivant pour elle-même qu’une Eglise existant pour les autres. Non ! Ce n’est certainement pas quand l’Eglise a été puissante qu’elle a le mieux parlé de Jésus.

Joseph, rappelle-nous que ce n’est pas un chef de guerre qui est le protecteur de l’Eglise mais toi, humble artisan charpentier d’une petite ville dont on se demande bien « ce qui peut en sortir de bon ».

J’imagine que Marie t’a confié ce qui s’est passé dans son cœur à l’Annonciation et qu’avec elle tu as chanté son Magnificat. J’imagine aussi qu’avec Marie, tu as chanté ton propre Magnificat après chaque annonce que l’Ange t’a apportée.

Aide-nous à prier ce Magnificat, chaque soir à l’office des Vêpres, en pensant que les orgueilleux dispersés, les puissants renversés et les rassasiés renvoyés les mains vides, ce sont aussi les croyants et ton Eglise, parfois humiliée par ses fautes. Aide-nous à faire de ces humiliations un peu d’humilité.

Persuade-nous, Joseph, qu’Il nous faut nous acharner à rendre l’Eglise aimable et plus encore aimante, cette Eglise trop petite pour la grandeur de Dieu et trop grande pour notre petitesse, cette Eglise de qui nous exigeons qu’elle nous offre tout ce que nous ne lui donnons pas.

 

Je t’aime, Joseph, pour la fraicheur de ta vie et sa pureté qui nous parlent aujourd’hui encore !

Nous admirons ta statue, St Joseph, en retrait de celle de Marie.  

Humblement, discrètement, tu veilles sur elle et la protèges.. Et qu’ils sont beaux ces lys à tes pieds, rappelant que tu es un modèle de chasteté ! 

Ta chasteté qui est bien plus que la continence.

Ta chasteté qui est bien plus que l’effort pour renoncer à l’union charnelle.

Tu aurais pu te séparer de Marie et la mettre hors de ta vie. Mais ta chasteté n’a pas été une chasteté de séparation.

Nous t’admirons car tu as écouté le message de l’ange et tu as accepté d’être comme réintroduit dans le mystère.

Tu as été l’époux de Marie, le père de Jésus et le chef de famille, avec un immense respect du mystère que porte Marie et qu’est Marie,

Voilà résumée, il me semble, ta vraie chasteté: ni trop loin, ni trop près de la Vierge Marie pour mieux accueillir et respecter en elle le Mystère. Tu as aimé sans posséder !

Et tu peux nous interroger sur notre chasteté, sur la juste distance que nous mettons avec ceux que nous aimons, avec nos proches, avec notre époux même, notre épouse…

Saint Joseph est un homme d’action.

Nous t’aimons car, même si, tu ne parles pas dans la Bible, ce que tu fais est éloquent. Tu es celui qui pose des actes. Tu n’es pas l’homme des beaux discours, même sur Dieu ! Tu es l’homme de l’obéissance à plus grand que toi.

Tu n’accapares pas ta propre vie, tu la donnes.

Tu n’as pas réalisé ton projet que tu aurais conçu avec tes propres capacités, et avec ta propre volonté ;

Tu t’es placé au contraire entre les mains de Dieu, te défaisant de ta volonté pour l’intégrer dans celle de l’Autre, dans la volonté supérieure de Dieu; là précisément où se trouve la vraie perte de soi, là où l’homme se trouve.

Tu as davantage  « cherché à consoler qu’à être consolé

A comprendre qu’à être compris
A aimer qu’à être aimé !

En cela, tu as vécu l’Evangile !

Car c’est en se donnant qu’on reçoit,
c’est en s’oubliant qu’on se retrouve,
c’est en pardonnant qu’on est pardonné,
c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie.”

Je t’aime, Joseph, car tu es l’homme de l’accueil.

Par ta vie, tu nous fais comprendre que « bien des fois, des évènements dont nous ne comprenons pas la signification surviennent dans notre vie et qu’il faut les accueillir, en assumer la responsabilité et se réconcilier avec sa propre histoire. Que si nous ne nous réconcilions pas avec notre histoire parfois compliquée ou cabossée, nous ne réussirons pas à faire le pas suivant parce que nous resterons toujours otages de nos attentes et des déceptions qui en découlent.

Tu nous montres que la vie spirituelle n’est pas un chemin qui explique, mais un chemin qui accueille. C’est seulement à partir de cet accueil, de cette réconciliation, qu’on peut aussi entrevoir une histoire plus grande, un sens plus profond.
Merci Joseph !

Car le danger, nous apprends-tu Joseph, ce serait d’attendre … attendre, qu’un jour ce qui nous humilie, ou nous paralyse, ou nous attriste profondément … disparaisse pour oser avancer enfin.

 « Non, nous dis-tu ! C’est maintenant qu’il faut avancer ! Et c’est en avançant que disparaitront des obstacles !

Le danger, ce serait de passer notre vie en restant à quai sans jamais rejoindre le large à cause d’une peur, d’une fragilité, d’une erreur passée, d’une blessure mal refermée…. « Je te rends grâce, Seigneur, tu as mis mon cœur au large ! » dit le psaume. C’est pour le large que nous sommes faits et non pas pour les horizons étriqués et encore moins les marécages, nous dis-tu.

Par ta vie, je comprends qu’il me faut m’accueillir et m’aimer moi-même humblement, mais tout entier, sans restriction, ombres et lumières, douceurs et colères, rires et larmes, humiliations et fiertés ; revendiquer tout mon passé, mon passé inavoué, inavouable, car mon passé est à moi : c’est lui qui m’a façonné mon visage. On ne vit pas en dépit de soi, jamais. La voilà, la liberté.

Car le drame, ce serait de vivre en dépit… ! en dépit de nous-même, en dépit des autres, de notre époque, de notre Eglise…

Le piège serait de ruminer nos amertumes, nos rancœurs, de nous répéter sans cesse que la vie ne nous a pas fait de cadeau, que nous n’avons  pas mérité ces épreuves…. Le piège, ce serait de laisser doucement nos cœurs se scléroser.

Accepter de me reconnaître moi-même tel que je suis, même si parfois c’est décevant, même si c’est parfois raté, c’est là que commence toute liberté, là que commence toute sainteté.

Dans la Bible, « sauver » se dit aussi « libérer ». Être sauvé, c’est créer, libérer toutes les forces qui sont en moi pour m’inventer et me réinventer sans cesse.

Tu as ouvert le passage, Joseph. Tu t’es réinventé alors que le mystère de Marie et de Jésus a bouleversé ta vie.

Je t’aime Joseph car tu es l’homme qui détruit des dépits ! Tu nous fais entrer dans le bal que donne Dieu, «  ce bal singulier de notre obéissance » dont nous parle Madeleine Delbrêl.

Tu nous apprends à danser sur une musique divine avec parfois des notes étranges , ces notes que Dieu jette !

Tu nous invites à Le laisser nous inviter à son bal, comme tu l’as fait, en  l’offrande de notre consentement à ces évènements que nous n’aurions pas pensé vivre…

Sans faire de notre vie une tragédie…, comme la vie de Maiti Girtanner, victime des atroces expérimentations d’un médecin nazi sur sa moelle épinière…

En  remplissant  chaque instant d’amour …”  comme l’a fait le Cardinal Thuan, du fond de sa prison communiste           …

En comprenant que Dieu a besoin de nos chemins de vie parcourus, comme l’a découvert Laurence Vasseur, servante de l’Evangile …...

Conclusion

Il faut que je termine en dessinant le portait de Joseph, telle que je l’imagine

Pour moi, il n’est pas le taiseux qu’on décrit habituellement.

Tout comme le cardinal Barbarin, je l’imagine bavard.

Il n’est ni moine ni chartreux ! Il n’est pas vieux, non plus comme le représentent  les tableaux. La loi juive interdit d’ailleurs des mariages avec un trop grand écart d’âge.

Avec le cardinal Ratzinger, futur Benoit XVI, je note qu’il bondit à chaque demande de Dieu. Je l’imagine jeune, au moins de caractère.

Je ne l’imagine pas taciturne … mais joyeux, presque facétieux ! A vrai dire, le pape Jean-Paul I, le pape au sourire, me fait penser à lui.

Je vois en lui un homme d’action, prêt à partir comme Abraham, une sorte d’aventurier de Dieu qui ne regarde pas en arrière mais part, avance, confiant !

Je ne le vois ni désincarné ni évaporé dans le mysticisme.il sait ce qu’est que trouver un lieu en urgence pour un accouchement, tirer un âne pour fuir un pays, vendre ce qu’il a fabriqué de ses mains.... Il sait ce que c’est qu’être amoureux…. Et bien des hommes ont dû l’envier quand Marie lui a donné son cœur. Bref, c’est un vivant ! C’est un homme du réel, un humain… tout simplement ! Mais saintement humain.

Un homme au cœur large qui a entendu l’Ange : « Ne crains pas de prendre Marie chez toi » et qui nous dit ce soir : prends Marie chez toi, n’aie pas peur !

Article publié par emmanuel canart • Publié le Samedi 02 avril 2022 • 399 visites

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