Millénaire de l'abbaye de Marchiennes 1024-2024

En 1024, la Réforme de l'abbaye de Marchiennes lui donne un nouvel élan. Désormais occupée par des moines bénédictins (qui resteront jusque 1791), le monastère devient un important foyer spirituel et culturel

Marchiennes et son abbyae en 1635 Marchiennes et son abbyae en 1635  Pour fêter le Millénaire de l'abbaye de Marchiennes, les Amis de Marchiennes, les amis de l'orgue et les paroissiens ont uni leur effort pour organiser ces différents évènements auxquels ils vous invitent de tout leur coeur !

 

 

 

A l'initative des chrétiens au clocher

Vendredi 13 septembre (18h30) : messe d’ouverture de la neuvaine à Sainte Rictrude

Du vendredi 13 au samedi 21 septembre : Neuvaine à Ste Rictrude

Samedi 21 septembre : après-midi d’animation pour enfants (jeux de piste) pour découvrir la vie monastique. Passage au musée et présentation de la maquette de l’abbaye

Dimanche 22 septembre (11h) : messe de clôture de la Neuvaine (avec assemblée générale du train vert de Lourdes)

Mardi 24 septembre: conférence (19h30) de soeur Odile, soeur Bernardine du monastère de la Cessoie https://www.cisterciennes-bernardines.org/accueil-la-plaine "être moine aujourd'hui" 

Mercrdi 25 septembre : témoignage de soeur Marie-Nicole, du même monastère, dans les groupes de catéchismes.

Du 14 septembre au 19 octobre (dans l’église) : en complément de l’exposition organisée par Les amis de Marchiennes « 1024-1791 l’abbaye de Marchiennes », une exposition sur la vie monastique et la règle de saint Benoit « ora et Labora »

Les Amis de Marchiennes 

- la messe de la dédicace de Ste Rictrude dimanche 12  mai à 11h, avec les amis de l'orgue

- l'exposition dans l'église du 14 septembre au 13 octobre 

- le concert dans l'église de "L'ensemble Filiae" le dimanche 15 septembre à 16h

- la conférence de Steven Vanderputten "1014 l'abbaye réformée"  le vendredi 20 septembre 19h30

D'autres dates ét évènements seront communiqués prochainements

1024-2024 les 1000 ans de la réforme de l’abbaye de Marchiennes

Sainte Rictrude et ses « miracles »

Stes Rictrude, Aldetrude et Madelberte Stes Rictrude, Aldetrude et Madelberte  Même si aujourd’hui seule quelques constructions du monastère ont résisté au temps et aux
hommes. Il faut savoir que notre abbaye avait déjà une longue histoire avant la réforme de
1024. Année qui vit s’y établir une communauté de moines bénédictins à la place des
religieuses qui l’occupait précédemment. Ceux-ci y résidèrent jusque 1791 où l’Abbaye fut
disoute avec la révolution.
Fondé par Adalbaut, prince mérovingien, sur les conseils de St Amand vers 640. Elle était en
ce temps dominé par la règle de St Colomban dont Jonat premier abbé de Marchiennes en
serait le rédacteur. A la mort d’Adalbaut, sa veuve Rictrude décide de se retirer à
Marchiennes avec ses quatre enfants Maurand, Eusébie, Clotsende et Adalsende. A partir de
ce moment le monastère devient mixte et prend un élan plus marqué. C’est la période la
mieux documenté des temps anciens, grâce aux textes relatant les vies des Saints fondateur
rédigés au début du X° siècle par Hucbald moine de St Amand.
Mais une série de textes plus tardifs du XII° siècle donne une image de Rictrude et de son
entourage bien plus considérable. En effet, bien après sa mort survenue en 687. Elle et les
siens continuent d’accomplir des « miracles » qui frappent l’imaginaire populaire et
entretienne son culte jusqu’aujourd’hui. On peut ainsi dénombrer 68 récits miraculeux liés à
Ste Rictrude 1 .
De ces récits édifiants, donnons ici quelques exemples.
Parmi les miracles de guérisons liés à des paralysies, des fièvres quarte, des affections
oculaires, des frénésies, des difficultés d’accouchement, le mal des ardents, les écrouelles,
une hernie, une surdité. Nous avons le cas d’un moine souffrant de calcul urinaire
l’empêchant de participer au chant choral et à la messe. Le jour de la fête de Ste Rictrude, il
se lève et va à la crypte prier la sainte. A son retour, au moment de la consécration il se sent
libéré du Calcul et attribue le miracle à Ste Rictrude.
Parmi les miracles de protection, nous rencontrons de multiples cas extraordinaires :
rencontres démoniaques, visite de Rictrude à son monastère, lumière éclatante, poutre qui
s’allonge pour les besoins de chantier monastique, borne frauduleusement déplacée qui
regagne son site légitime, apparition d’âmes du purgatoire, délivrance d’un croisé par Ste
Rictrude. Citons ici l’exemple de l’incendie de l’Abbatiale en 1036 où la sainte patronne
guide les moines vers un trésor monétaire d’origine romaine à Abscon permettant ainsi de
rebâtir leur église.
Un certain nombre de miracle développent le cas de châtiments arrivés aux adversaires des
biens ecclésiastiques comme les avoués ou les maires. Souvent ils meurent de leurs méfaits
parfois ils peuvent s’amender. Citons l’exemple des voleurs qui tournent en rond
indéfiniment dans le champ qu’ils viennent de piller. Citons également le cas d’un ouvrier de
l’abbaye d’Hamage. Un jour où il revenait des champs les pieds boueux, il les nettoya sur le
seuil de l’église st Pierre, qui avait jadis abrité les reliques de Ste Eusébie : aussitôt il perdit

1 Henri Platelle, Terre et Ciel aux anciens Pays-Bas, Lille Faculté Libre des Lettres et Sciences humaines 1991, pp
272 et suivante.

l’usage des jambes et ce n’est que les jours suivant, après avoir demandé pardon sur le lieu
du sépulcre, qu’il commença à ressentir une amélioration.
D’autres miracles décrivent des « visions ». Ainsi, un pieux moine, âgé de cent ans qui
somnole à l’office de matines voit un homme porteur d’une armure brûlante ; c’est un
moine qui expie ainsi les péchés des paroles coupables qu’il avait proféré contre ses
supérieurs, son mépris des inférieurs, sa jalousie des égaux. Son supplice dure ainsi depuis
40 années et se prolongera encore 10 ans. Plus tard il entend les gémissements de l’âme du
chevalier Hugues de Veau rendu à un état lamentable à cause de toutes les violences qu’il
avait commises à l’égard du monastère. Pour soulager son mari, sa veuve opère alors
diverses restitutions.
Un autre cas remarquable est celui d’un jeune homme de Ronchin qui, une nuit de 1168, a la
vision atroce de quatre mauvais esprits, sous la forme de femmes horribles. Ils s’emparent
de son corps, le coupent en deux et en font cuir une moitié sur un brasier. A ce moment les
diablesses sont chassées par Ste Rictrude qui réunit les deux moitiés du corps et les enserre
dans des bandages. A son réveil, le jeune homme était paralysé et souffrait particulièrement
du côté qui dans sa vision avait été rôti. Huit jours plus tard, il se voit dans un autre rêve
emmené à Marchiennes par le moine prévôt. On lui confie la croix processionnelle qu’il
dépose après l’évangile sur l’autel en signe d’action de grâce. Au réveil le malade était guéri.
Il va alors exprimer sa reconnaissance à l’église de Ronchin dédiée à Ste Rictrude.
Les reliques de Rictrude ou de ses enfants ont également un pouvoir miraculeux et jouent un
rôle décisif en plusieurs circonstances. Citons l’exemple du village de Sailly-en-Ostrevent, qui
en 1127 menacé par Guillaume d’Ypres, maître du château de Lécluse, porte en procession
ses reliques dans des huttes disposés autour du territoire. Le village fût épargné tant que
dura la présence de ces protecteurs célestes, mais les sévices recommencèrent après leur
départ.
Séjourner près de la sainte permet également au repentant d’être transformé. Ainsi, à
Lorgies, trois frères se plaignaient d’avoir été dépouillés par les moines d’une pièce de terre
projettent de mettre le feu à la grange abbatiale ; mais au moment de passer à l’action, en
pleine nuit, le plus âgé d’entre eux constate qu’il est devenu aveugle. Comprenant la leçon, il
se repend de son dessein qu’il va aussitôt avouer au moine-prévôt. Celui-ci voyant ses
bonnes dispositions le conduit à l’église et le laisse seul. L’aveugle s’endort et dans un rêve
voit Rictrude qui le réprimande, puis le guérit en balayant ses yeux de sa manche. Au réveil,
il a effectivement recouvré la vue. Il se fait serf de Ste Rictrude, se rase la tête et promet de
verser désormais un cens annuel de deux deniers…
Bien sûr, en diffusant ces récits les religieux de Marchiennes avaient le projet d’assoir leur
légitimité face aux menaces du temps. Mais ils témoignent aussi des mentalités médiévales
qui étaient en mesure de lire les signes de leur environnement pour leur donner sens. Ils
comprenaient les limites du tangible, et savaient que l’humain se nourri bien plus
d’imaginaire pour former sa pensée que d’aliments terrestres juste destiné à nourrir le
corps.
La raison des philosophes veut échapper à cette métaphysique primitive. Mais finalement,
après l’expérience de la modernité, l’homme est-il devenu plus raisonnable aujourd’hui ?

Article publié par emmanuel canart • Publié le Mardi 23 avril 2024 • 1479 visites

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