Homélie des Profession de Foi – Mai 2022
Il y a un pays où les chasseurs ont, dit-on (légende ?), une technique bien particulière pour attraper des petits singes ! Il suffit de mettre dans une cage bien accrochée et aux barreaux très rapprochés une noix de coco et de s’éloigner. Une fois le calme revenu, les petits singes s’approchent, passent leurs pattes entre les barreaux pour saisir les noix de coco convoitées. Mais bien-sûr, les noix de coco ne peuvent passer entre les barreaux et c’est en vain que les petits singes insistent.
Les chasseurs n’ont alors plus qu’à approcher pour se saisir des singes qui, refusant de lâcher leur proie, ne s’enfuient pas ! Il aurait suffi qu’ils renoncent aux noix de coco pour avoir la vie sauve !
Ne pensons pas trop vite être plus malins que ces singes ! Ecoutons l’abbé Pierre (1912-2007), fondateur des communautés Emmaüs, nous mettre en garde contre le désir de posséder :« L'on ne possède pas un bien parce qu'on est capable d'en jouir, mais si l'on est capable de le donner. Qui sait en jouir et ne sait le donner en est non le possesseur mais le possédé ».
Proclamer sa foi, c’est aussi choisir de vivre à la suite du Christ, de vivre comme le Christ. Et cela suppose de lâcher nos noix de coco ! Nous adultes, nous savons que nous avons à lâcher pour être vraiment libres, ces biens qui prennent trop de place dans nos vies et finalement nous mettent en danger. Nous savons bien ce qui remplace progressivement Dieu dans nos vies et qui mène à la mort de notre cœur.
Au jour de l’Ascension, Jésus nous promet une force, que l’Evangile de Jean appelle le « défenseur » (Jean 15, 26-27 ; 16, 12-15). Que ce défenseur, l’Esprit Saint, nous protège !
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Mais, il y a aussi des noix de coco moins matérielles ! Elles nous enchainent tout autant et nous empêchent d’être libres, d’aimer vraiment le Christ et les autres.
Nous avons tellement besoin d’être aimé, reconnu, parfois même admiré ou adulé que cela en devient parfois une chaine !
Nous connaissons la première partie de la si belle prière de Saint François d’Assise (1182-1226) : « Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix » (1). Nous connaissons moins la seconde partie de cette prière qui pourtant nous offre la clé pour que ce désir d’être aimé, reconnu… ne deviennent pas une noix de coco funeste !
« O Seigneur, que je ne cherche pas tant à
être consolé qu’à consoler,
à être compris qu’à comprendre,
à être aimé qu’à aimer.
Car c’est en se donnant qu’on reçoit,
c’est en s’oubliant qu’on se retrouve,
c’est en pardonnant qu’on est pardonné,
c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie. »
Au jour de votre profession de foi, puisse le défenseur attendu, le Saint Esprit, vous donner d’aimer tout au long de votre vie en homme et en femme libres
Et nous pourrions appliquer le beau raisonnement de l’abbé Pierre « Qui sait en jouir et ne sait le donner en est non le possesseur mais le possédé » à bien d’autres réalités. Je pense, par exemple, au temps ! Quand on n’est plus capable de donner gratuitement son temps, on ne le possède plus, on est possédé par lui. Il y a hélas plus de possédés que de possesseurs !
Que votre foi vous rend libres ! Profondément libres !
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- Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix »
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.