Homélie 6 Novembre 2022 Ecartelés

Homélie 32ème dimanche du temps ordinaire – 6 novembre 2022

Il y a beaucoup de morts dans les lectures d’aujourd’hui : 14

7 frères dans la première lecture et 7 frères dans l’Evangile ! Ça fait quand même beaucoup. Les 7 premiers frères sont morts dans la persécution. Les 7 autres frères ont tous épousé la même femme, pas en même temps. J’imagine qu’un mari ça suffit déjà! En tout cas ces 7 frères vont mourir aussi. Je me suis toujours demandé, quand j’étais petit, si ces frères avaient été empoisonnés par cette femme mais on ne sait pas.

En tout cas, 14 morts pour souligner un point : notre Dieu est le Dieu des vivants et non pas des morts ! J’en déduis deux phrases qui résument, je pense, ce que signifie cette expression : Dieu veut que nous aimions la vie. Je vous invite à aimer la vie. Bien sûr parfois elle est cruelle, bien sûr parfois elle amène des déceptions, des désillusions. Mais fondamentalement Dieu veut que nous soyons des vivants. Des vivants  non pas des survivants, que nous aimions notre vie. Il y a cette petite phrase de François de Salle que vous connaissez sûrement : « fleuris là où Dieu t’a planté ». Aimons notre vie. Et en même temps  (c’est l’autre phrase) : Dieu nous veut vivants pour toujours, pour la vie éternelle. Il nous faut aimer la vie et en même temps, il nous faut être tendus vers la vie éternelle. Il faut tenir les deux. On pourrait parler d’un équilibre à trouver mais je n’aime pas beaucoup de mot « équilibre ». Je vais essayer de vous l’expliquer avec une comparaison tout à fait triviale. Quand j’étais petit, mes frères et moi allions à la piscine. Moi en vélo, mes grands frères en mobylette (mes parents ne voulaient pas que j’ai une mobylette car j’étais trop étourdi parait-il ! ça me fait du bien de vous parler de mes problèmes d’enfance ! Il y en aura d’autres aux prochaines messes :  je répartis !)

En tout cas, nous partions tous les quatre à la piscine et sur notre porte-bagage, il y avait la serviette de bain et le maillot de bain et pour qu’ils tiennent bien – j’imagine que les plus jeunes ne connaissent pas cela – il y avait des extenseurs, on appelait ça des « sandows » je crois, en étoiles : 6 pour moi, 8 pour mes grands frères. Peu importe, en tout cas, ces élastiques permettaient de tenir le maillot de bain sur le porte bagage. Et si l’un des extenseurs était trop fort, le maillot de bain tombait du vélo. Il fallait que tous les extenseurs soient bien tendus de la même façon pour que le maillot de bain ne tombe pas du vélo. Je crois que c’est la même chose pour notre vie spirituelle et notre vie tout court. Il nous faut être tendus entre différentes réalités. Pas un équilibre : un équilibre c’est un point statique. La vie n’est jamais statique, elle bouge tout le temps. Notre vie est un bouillonnement et Dieu merci ! Vous savez dans de l’eau stérile, il n’y a pas de vie, rien ne bouge.

Pour que nos vies soient fécondes, il faut qu’elles bougent. Il faut de la vie. Donc on ne peut pas avoir un équilibre statique. Il nous faut être tendus. Tendus entre l’amour sur la terre, aimez-là, aimons-là !, et l’amour de la vie dans le ciel.

C’est un premier point. Je vous en donne d’autres : il  nous faut aimer l’instant présent. Il y a des personnes parmi nous qui passent leur temps à regretter hier ou à avoir la nostalgie d’hier et la crainte de demain, ou l’impatience de demain. Ils ne sont pas dans l’instant présent. Souvent ils passent leur temps à redouter une épreuve qui n’arrivera sûrement jamais. Jésus nous dit de vivre dans l’instant présent. « A chaque jour suffit sa peine nous dit Jésus, demain se suffira à lui-même ». Et en même temps, il nous faut être sérieux, prévoir. Jésus nous dit : « si tu veux construire une tour, commence par t’asseoir et réfléchis pour savoir si tu as le moyen de construire cette tour. Et quel est ce roi qui partirait à la guerre sans vérifier qu’il a assez de troupes d’hommes pour affronter l’ennemi ». Il faut à la fois vivre l’instant présent presque dans l’insouciance et en même temps être sérieux et prévoir l’avenir. C’est une autre tension.

J’en donne une troisième : il nous faut être bon, bienveillant, accueillant, comme l’est le Christ. Quelle peine de voir des chrétiens durs ! Quelle peine !

Bienveillants, accueillants et en même temps exigeants. J’imagine que quand on est parents, il faut tenir les deux : la bienveillance et l’exigence. Un juif religieux, le matin, se lave les deux mains. C’est plutôt tant mieux !. Mais d’abord la main droite de la bonté et après seulement la main gauche de l’exigence.

 

Une quatrième tension : il nous faut être des hommes et des femmes de certitude qui ont une colonne vertébrale. J’ai vu un reportage sur des croyants : un croyant qui se baladait, un cadre qui faisait une session dans la forêt et il tenait un arbre pendant dix minutes pour capter l’énergie de l’arbre (Je pense qu’il a payé très cher, il aurait fallu qu’il donne au denier de l’Eglise).

Et cet homme expliquait comment l’énergie de l’arbre l’aidait dans sa foi. Mon Dieu ! il nous faut avoir des certitudes - pour la foi catholique : des dogmes -  et en même temps il faut accueillir d’autres vérités. J’aime beaucoup l’image des mages. Les mages se dirigent vers le sauveur et demandent conseil. Ceux qui pensent tout savoir sont fatigants. Il nous faut avoir des certitudes et en même temps être accueillants à ce que les autres peuvent nous apprendre. Il nous faut avoir du caractère, évidemment, ne pas être mou. Et en même temps, il nous faut vivre, nous chrétiens, la douceur parce que Jésus est doux et humble de cœur

Pourquoi devons-nous être continuellement écartelés, tendus ? Parce que notre maître est un homme écartelé. Jésus a été écartelé sur la croix et toute sa vie a été aussi un écartèlement entre tous les points que je viens de vous citer.

 

Je vous invite maintenant à vérifier les tensions de votre vie. Vérifier qu’elles soient bien ajustées. Parfois avec la fatigue, avec l’énervement la déception, on peut pencher d’un côté ou d’un autre. Il faut que tous les tenseurs de notre vie soient bien tendus pour que notre vie soit le signe de l’amour de Dieu.

Article publié par emmanuel canart • Publié le Lundi 07 novembre 2022 - 17h40 • 418 visites

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