Homélie 9 Janvier 2022 Baptême Seigneur

9 Janvier 2022

Baptême du Seigneur

 

Le baptême de Jésus est une fête étonnante !

Jésus n’a pas reçu le baptême chrétien, comme nous ! Les sacrements sont nés de la mort et de la Résurrection de Jésus. (cf dessin d’un enfant du KT où Jésus porte une croix en pendentif durant la Cène !!!).
 

Jésus reçoit un baptême juif, conféré par son cousin Jean-le-Baptiste (1). C’est un des personnages les plus importants de la Bible. Adulte, Jean a vécu une vie très rude dans les régions montagneuses de la Judée, entre les villes de Jérusalem et de la Mer Morte. Il portait des habits faits de poil de chameau avec une ceinture de cuir autour de la taille, la tenue typique d'un prophète. Son régime était très spartiate—des sauterelles et du miel sauvage (Matthieu 3.4). Jean vivait une vie simple et se concentrait sur l'œuvre du royaume. Il a fait le choix de vivre à l’écart d’une société qu’il juge mauvaise et pervertie.
Le ministère de Jean-Baptiste n'a cessé de croître en popularité, comme il est relaté en Matthieu 3.5-6 : « Les habitants de Jérusalem, de toute la Judée et de tout le pays des environs du Jourdain, se rendaient auprès de lui ; et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain. ». D'être baptisé par Jean signifiait d'admettre son péché et de s'en repentir, ce qui était, bien sûr, une manière extraordinaire de se préparer pour la venue du Seigneur.

 

On pourrait se demander pourquoi Jésus a reçu ce baptême alors qu’il n’avait pas, évidemment, à se convertir, à se repentir, à demander pardon….

 

Probablement, qu’il a reçu ce baptême pour manifester qu’il est homme parmi les hommes, qu’il appartient au peule de Dieu, qu’il est solidaire des autres hommes parmi lesquels il est né. Il est l’un des nôtres, finalement. En cela, il manifeste sa pleine HUMANITE.

 

Mais, durant le baptême, le Ciel s’ouvre et une voix venant du Ciel proclame « Toi, tu es mon Fils bien-aimé. En toi, je trouve toute ma joie ». En cela, la pleine DIVINITE de Jésus est manifestée.

 

Jésus, vraiment HOMME et vraiment DIEU !

Voici ce qu’il faut tenir ensemble : l’humanité de Jésus et sa divinité.

Rapidement, des hérésies sont apparues dans l’Eglise naissante (une hérésie est souvent l’erreur de ne prendre qu’une partie de la vérité). Par les hérésies à propos de l’humanité et la divinité de Jésus :

  • Celle de considérer que Jésus n’est pas vraiment Dieu mais seulement un homme (2). C’est l’arianisme
  • Celle de considérer que Jésus n’est pas vraiment homme mais seulement Dieu (3) – C’est le monophysisme.

 

Finalement, le baptême de Jésus nous invite à tenir ensemble ces deux dimensions dans notre vie : celle de l’horizontalité et celle de la verticalité….

 

Le 1° danger serait de ne vivre que dans la verticalité ! Bien-sûr que la verticalité est importante : elle nous rappelle que nous sommes faits pour le Ciel, elle nous rappelle la transcendance de Dieu…

Mais si elle devient exclusive, on en vient à ne pas assez aimer, honorer notre vie sur la terre. A oublier que Dieu ne veut que notre bonheur et pas que dans l’au-delà mais aussi déjà sur terre.

Le danger serait une évasion « spirituelle », une fuite de la réalité et une sorte de désincarnation. La vie sur terre étant triste ou décevante ou difficile, il faudrait essentiellement penser à l’au-delà. L’Eglise a parfois eu des paroles (apparemment) consolante en disant : « vous souffrez sur terre mais, patience, la vraie vie est là-haut ».

Non, il nous faut aimer la vie, la recevoir comme un don de Dieu.
Il nous faut tout faire pour la rendre plus belle et ne pas considérer que la vie sur terre n’est ‘qu’une vallée de larmes »

Il nous faut aimer « La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules » de Philippe Delerm.
Il nous fait accueillir le désir comme don de Dieu. « Gouter Dieu, c’est goûter la vie » dit Louis Evely, un spirituel catholique (Eterniser sa vie).

 

L’autre danger serait de ne vivre que dans l’horizontalité, d’oublier que nous sommes des voyageurs sur la terre, à la suite d’Abraham (4)

Le risque de s’installer (au sens négatif) sur la terre comme si cette planète était notre seul horizon. Le danger serait d’accumuler les biens, les titres, les reconnaissances, les honneurs, les protections, les pouvoirs, les victoires ... comme si nous étions que des terriens !

 

Il nous faut tenir les deux dimensions ensemble dans nos vies !

  • Pleinement « terriens » et heureux de l’être

et

  • Pleinement « habitant de la Cité Céleste » et impatient d’être au Ciel

 

Mieux que cela, il ne faut pas que tenir ensemble ces deux dimensions, il faut les articuler….

Louis Evely écrit aussi que notre vie éternelle sera nourrie des moments que nous avons vécus sur terre et qui sont dignes d’être éternisés ! Pour les chrétiens, la vie éternelle a déjà commencé dans la meilleure part d’eux qui sera éternisée : la façon dont on s’aime ici-bas.

Disons-le de façon peut-être trop simpliste. Les murs du paradis (!) seront ornés de cadres, de photos… des moments, des paroles, des gestes, des amours, des réconciliations, des fulgurances, des éblouissements et de tous les petits bonheurs … de nos vies qui sont dignes d’être gardés pour toujours, d’être éternisés !

 

Et finalement, cette fête du baptême nous invite à ne vivre en famille, en Eglise, en société …que des moments qui méritent d’être éternisés !

 

 

 

  1. Le baptême du Christ est un des épisodes de la vie de Jésus-Christ : son baptême dans le Jourdain par Jean le Baptiste. Il est relaté dans les trois Évangiles synoptiques. Il s'inscrit dans les trois épiphanies du Messie de Dieu avec l'Adoration des mages et les Noces de Cana.
  2. L'arianisme est une doctrine christologique non trinitaire due à Arius, théologien alexandrin au début du ive siècle, qui affirme la croyance que Jésus-Christ est le Fils de Dieu qui a été engendré par Dieu le Père à un moment donné une créature distincte du Père et qui lui est donc subordonnée, mais le Fils est aussi Dieu (c.-à-d. Dieu le Fils). La théologie arienne a d'abord été attribuée à Arius (c. 256–336 après J.-C.), un presbytre chrétien d'Alexandrie en Égypte. Le terme « arien » est dérivé du nom Arius ; et, comme la désignation « chrétien », ce n'était pas une désignation choisie par lui-même mais donnée par des opposants hostiles — cette dénomination d'arien ne fut d'ailleurs jamais acceptée par ceux à qui elle avait été imposée. La nature des enseignements d'Arius et de ses partisans était opposée aux vues théologiques des chrétiens homoiousiens concernant la nature de la Trinité et la nature du Christ. Le concept arien du Christ est fondé sur la croyance que le Fils de Dieu n'a pas toujours existé mais a été engendré dans le temps par Dieu le Père.Le premier concile de Nicée, convoqué par Constantin en 325, rejeta l'arianisme. Celui-ci fut dès lors qualifié d'hérésie par les chrétiens trinitaires, mais les controverses sur la double nature, divine et humaine, du Christ (Dieu fait homme), se prolongèrent pendant plus d'un demi-siècle entre les chrétiens ariens et les chrétiens nicéens.
  3. Le monophysisme (du grec μόνος « seul, unique » et φύσις « nature ») est une doctrine christologique apparue au ve siècle dans l'Empire romain d'Orient en réaction au nestorianisme, et ardemment défendue par Eutychès et Dioscore d'Alexandrie. Elle affirme que le Fils n'a qu'une seule nature, qui est divine, et qui a absorbé sa nature humaine.
  4. « Par la foi, Abraham, étant appelé, obéit pour s’en aller au lieu qu’il devait recevoir en héritage ; et il s’en alla, sans savoir où il allait. Par la foi, il vint séjourner dans la terre de la promesse, comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes avec Isaac et Jacob, les cohéritiers de la même promesse ; car il attendait la cité qui a les fondements, dont Dieu est l’architecte et le constructeur… Tous ceux-là sont morts dans la foi, sans avoir reçu ce qui était promis, mais ils l’ont vu de loin et salué ; ils ont reconnu qu’ils étaient étrangers et de passage sur la terre. Car ceux qui parlent ainsi montrent clairement qu’ils recherchent une patrie ; en effet, s’ils s’étaient souvenus de celle d’où ils étaient sortis, ils auraient eu le temps d'y retourner ; mais, en fait, ils en désirent une meilleure, c’est-à-dire une céleste ; c’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’eux, d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité » (Epître aux Hébreux. 11 : 8-10 ; 13-16).
  5. Louis Évely « Et si tout avait un sens ? » Éd. Monte Christo – avril 2005 « Avez-vous envie de ressusciter ? Le seul moyen de croire à la résurrection, c'est d'avoir été un jour ressuscité par l'amour. Il ne faut pas demander à un chrétien actuel s'il croit en la résurrection, il y a bien des chances qu'il y croit d'une façon tellement passive et conventionnelle, que c'est comme s'il n'y croyait pas ! Cela ne change rien à sa vie, et cela ne l'engage à rien. Aussi, la vraie question à poser, c'est : as-tu l'expérience d'une résurrection ? As-tu déjà ressuscité ? Quelqu'un t'a-t-il déjà assez aimé pour te ressusciter ? Quelqu'un t'a-t-il déjà si bien pardonné que tu t'es senti plus heureux après ta faute qu'avant ? Y a-t-il, dans le monde, un être capable de te ressusciter ? Et toi, as-tu déjà ressuscité quelqu'un ? Mais l'éternité, qui en veut ? À qui ne fait-elle pas peur, et qui en vit déjà dès à présent ? Le seul motif qui permette de désirer et de supporter une vie éternelle, c'est de vivre dès à présent d'amour. Des amis qui accepteraient l'idée d'une séparation définitive, n'ont jamais été vraiment unis. Les époux qui ne s'aimeraient que pour cette vie, ne s'aiment pas vraiment ! Quand Jésus dit qu'il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime, je pense qu'il relate son expérience. Quand on a connu comme lui ce que peut être un amour pleinement vivant, on sait que l'on pourrait mourir pour ceux qu'on aime, car on en est tellement nourri et vivifié, tellement heureux et comblé, que l'on a la certitude que la mort ne pourra jamais arrêter cette sorte de vie que l'on a commencé à vivre. Cet amour-là a de quoi aborder l'éternité : non seulement il le souhaite, non seulement il en est capable, mais il a déjà commencé à l'expérimenter, à en vivre. Avons-nous envie de nous ouvrir à cette vie ? »

 

 

Article publié par emmanuel canart • Publié le Mercredi 30 mars 2022 • 383 visites

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