Homélie de Pâques 2022
Je vous emmène en voyage !
Dans une grande ville, hélas en proie à des affrontements …. Non, ce n’est pas Kiev, même si les ukrainiens sont bien présents à notre prière ce soir, Jérusalem !
Je vous emmène dans le Saint Sépulcre, la basilique qui protège à la fois le lieu de la crucifixion et celui du tombeau vide de la Résurrection !
Tous les archéologues, croyants ou incroyants, vous diront que ces lieux sont d’ailleurs les plus fiables.
Ils ne savent pas bien localiser certains lieux de Nazareth, Cana, le Mont des Béatitudes, ou le Thabor de la Transfiguration. Ils ne savent pas bien où se trouvait le Cénacle – le lieu du dernier repas de Jésus avec les douze, où le jardin des oliviers ..
Mais il n’en est pas de même pour la Croix et la Tombe : ils sont attestés tous les deux de façon précise, pour une raison très étonnante ! En effet, pour éloigner les premiers chrétiens qui en firent très vite des lieux de pèlerinage, l’empereur romain Hadrien les fit raser au second siècle pour les couvrir de deux temples païens. Il ne se doutait mas que, ce faisant, il mettait en mémoire les lieux précis de la croix et du tombeau. Il les géolocaliser dirait-on aujourd’hui.
Au début du 4° siècle, à l’époque de Constantin et de la fin des persécutions, il a suffi de détruire les temples pour retrouver l’emplacement exactes des lieux les plus saints et les protéger par une belle basilique byzantine.
En voulant effacer les lieux chrétiens, le paganisme les avait préservés !!!!
Cela me remplit d’Espérance !!!
Aujourd’hui, notre monde païen tente d’effacer la fête de Noël et de Pâques ! On parle vacances d’hiver et non plus de Noël et des vacances de printemps et non plus de Pâques… ! On transforme Noël en fête de l’enfant et on efface Pâques !
En recouvrant nos fêtes d’une sorte de temples païens, le paganisme géolocalise ce qui est le plus important pour nous !!! L’incarnation et la Rédemption ! Ce faisant, le paganisme nous redit quel est le cœur vital de notre foi, l’essentiel de notre foi !
Mgr Garnier disait que l’essentiel tient sur un timbre-poste : « Christ est ressuscité ! » !
Revenons à Jérusalem et à cette basilique du Saint Sépulcre. Les orientaux l’appellent de façon plus heureuse : « l’Anastasie ! ». C’est-à-dire du « surgissement ».
- découvrir l'histoire de la basilique de l'Anastasie-
Je pense à ce texte d’Evangile où Jésus rappelle à la vie une jeune fille morte en lui disant ces mots : « Talita kum », « Lève-toi, ma fille ». Ces mots talita kum signifie même : « redresse-toi, bondis, insurge-toi contre ce qui te détruit ! »
Notre carême a présenté nos vies comme une traversée, de passage en passage, de pierre en pierre vers la lumière Pâques ! Vers la Croix Lumineuse !
Tous nous avons des passages, heureux ou douloureux, à vivre !
Le danger serait de ne nous arrêter en cours de traversée, fatigué, doutant ou désabusé. Le danger serait de rester assis, comme échoué, sur une des pierres !
J’évoque juste deux pierres qui sont comme deux séquelles laissées en nos cœurs par ces mois de COVID, confinements .. mais aussi par cette guerre en Ukraine.
Il y a la pierre du repli sur soi. Nous avons du mal à récupérer de ces périodes de confinements et de ces mois de pandémie. La tentation est forte de rester comme confiné dans son cœur ! de rester chez soi ! Même pour regarder la messe à la télé… ! Avec la grâce de Dieu, retrouver le goût des autres, de la rencontre, du partage !
Il y a aussi la pierre de l’a-cédie ! un mal de l'âme qui s'exprime par l'ennui, la tristesse, le dégoût pour la prière, la pénitence, la lecture spirituelle. Appelons cela une paresse spirituelle ! Par grâce, retrouver le goût de Dieu ! L’envie de ressusciter !
Alors, ce soir, je veux vous faire entrer dans la basilique de l’Anasthasis ! pour que le Christ surgi du tombeau fasse bondir vos vies, les secouent ! Pour qu’il vous pousse à l’insurrection contre ce qui vous rend tristes, repliés. Oui, vraiment, talita Kum !