5° Prédication Saint Joseph l'ami

5° Prédication

Vendredi 17 septembre 2021

Saint Joseph, l’ami

Je pense en ce moment à l’un de mes amis qui , cherchant  tellement à être humble ,refuse obstinément d’être sur les photos alors que, finalement, on ne voit que lui !!!!

Un peu comme le joueur de violon que j’évoquais hier avec Madeleine Delbrel dans un poème appelé Aisance : « J’ai vu de mauvais artistes contractés sur de morceaux trop difficiles. Leur jeu montrait à tous la peine qu’ils prenaient. On entendait mal la musique tant il fallait les regarder. »

Rien de cela pour Joseph, si bon musicien de Dieu, si humble et pourtant … Et pourtant, on pourrait dire qu’on ne voit que lui ! En tous cas, beaucoup de saints, de papes, de chrétiens s’inspirent de lui… Il est l’ami de beaucoup 

J'ai, dernièrement, en pensée,  organisé un repas avec des amis de Joseph, du bon Joseph. Il a lui-même préféré ne pas venir craignant qu’on dise trop de bien de lui.

J’ai invité à ce repas plusieurs papes, déformation professionnelle oblige!

Dans mon élan, je suis  remonté jusque 6 papes en arrière, pas davantage à cause du Covid ! Jean XXIII, Paul VI et Jean-Paul I étaient donc là , eux aussi.

Jean XXIII

Le Pape François l’a invité à s’asseoir à ses côtés pour le féliciter d’avoir ouvert le Concile Vatican II et d'avoir choisi Joseph comme protecteur de ce nouveau  Concile. Il y avait beaucoup d’humour entre ces deux hommes ! Le pape François a même dit au pape Jean XXIII : « Tu as ouvert la fenêtre en disant « de l’air, de l’air »,et moi, j’ai dit  : « sortez ! Je veux une Eglise en sortie !».

 D’aucuns voient dans le pape François l’héritier spirituel du Bon Pape Jean XXIII. Je le pense aussi.

Devenu plus grave, Jean XXIII a évoqué le récent communiqué de l’évêque de Grenoble-Vienne, Mgr Guy de Kerimel (ce jeudi 2 septembre), pour soutenir le décret pris par le pape François le motu proprio Traditionis Custodes, un mois et demi après sa parution.

Sans remettre en cause les intentions du pape Benoit XVI dans son Motu Proprio de 2007permettant la célébration sous la forme extra-ordinaire de la messe (il souhaitait éviter les divisons entre catholiques à propos des formes de célébration de la messe), Jean XXIII semblait partager l’avis de Mgr de Kerimel qui a déclaré : « Son utilisation est devenue une occasion de relativiser le Concile Vatican II, voire de prendre ses distances avec ce que les Pères Conciliaires et l’Esprit Saint ont décidé pour l’Église ».

Jean XXIII a même lu la fin du message de Mgr de Kerimel en l’approuvant : « Face à ces inquiétudes légitimes, il nous faut plutôt nous attacher au Christ encore plus fermement et faire Corps, sous l’autorité du successeur de Pierre et des évêques successeurs des Apôtres, en communion avec le PapeDans la tempête, rappelons-nous que le Seigneur est dans la Barque, et qu’Il est avec nous tous les jours jusqu’à la fin des temps. Ce n’est pas le moment de faire défection. »

Et Jean XXIII de demander que l’on prie plus que jamais Saint Joseph ; protecteur du Concile… Il faut avouer que ce n’était pas le moment le plus léger du repas, hormis le gâteau Bavarois que j’avais eu la mauvaise idée de demander au père Théophane de préparer !

Paul VI 

Tous ont en mémoire la si belle homélie qu’il a prononcée en 1964 à Nazareth. A la demande générale, il lut un passage qu’il ressentait être une urgence pour aujourd’hui,  57 ans plus tard !

Nazareth : « Une leçon de travail. Nazareth, maison du fils du charpentier, c’est ici que nous voudrions comprendre et célébrer la loi sévère et rédemptrice du labeur humain ; ici, rétablir la conscience de la noblesse du travail ; ici, rappeler que le travail ne peut pas avoir une fin en lui-même, mais que sa liberté et sa noblesse lui viennent, en plus de sa valeur économique, des valeurs qui le finalisent ; comme nous voudrions enfin saluer ici tous les travailleurs du monde entier et leur montrer leur grand modèle, leur frère divin, le prophète de toutes leurs justes causes, le Christ notre Seigneur. »

L’assemblée a eu l’air songeuse… Les mots de Paul VI semblaient tellement prophétiques ! et la leçon de Nazareth tellement  à réapprendre !

Jean-Paul I

Je dois vous faire un aveu ! J’aurais invité Jean-Paul I même s’il n’avait pas été dans les 6 derniers papes ! J’aime ce pape dont le pontificat a été si furtif ! 33 jours à l’automne 1978 !

Ce pape si lumineux et souriant, si humble, à l’image de Joseph. La veille de son départ pour Rome, où il devait prendre part au Conclave, le cardinal Luciani marchait dans les ruelles des quartiers pauvres de Venise. Des enfants s’écrièrent joyeusement : « Regardez, regardez ! Voilà le prochain Pape ! ». Le cardinal répondit en souriant : » Oh ! non, ce ne sera pas moi, mais un autre et, pour cet autre, récitons tous ensemble un Ave. »

Le nom qu’il a choisi « Jean-Paul I » était déjà tout un programme ( il sera dans la ligne de Jean XXIII et de Paul VI) et  aussi empli d’humilité !

«  Je ne suis pas venu imposer mes idées, ma façon de voir » semble dire son prénom  .. » Je suis l’humble successeur de ceux qui m’ont précédé. … Je ferai peu de discours », avait-il averti. Ils seront brefs et à la portée de tous. »

J’ai longuement cherché une allusion de sa part à propos de Joseph quand il était pape .. Mais rien… J’étais donc bien ennuyé… quand j’ai soudain pensé que  c’était  sa façon d’être, sa personne même qui évoquait Joseph !

Oui, le  visage de ce pape du sourire et de l’humilité me dit quelque chose de celui de saint Joseph !

Pour moi, vous l’avez compris, Joseph était plutôt bavard comme le pense le cardinal Barbarin, plutôt jeune et « bondissant » comme l’écrit Benoit XVI. J’ajoute que je le vois souriant ! Comme le pape Jean-Paul I !

Vous avouerez que ce repas manquait de femmes ! Il y en a très peu chez les papes !!!!

Alors, j’ai invité Sainte Bernadette de Lourdes, Sainte Thérèse d’ Avila et Sainte Jeanne Jugan. Saint Bernard voulait venir, lui qui aime tant Joseph. Mais il faut respecter les normes sanitaires … et je n’ai que 30 minutes pour cette prédication. Mais merci à toi, cher saint Bernard, d’avoir clamé si fort que Joseph n’a pas voulu répudier Marie à cause d’un doute possible  mais parce qu’il se sentait trop indigne de vivre avec la Mère du Sauveur.

Ste Bernadette de Lourdes

L’un des invités s’adressa à elle et lui dit combien il avait apprécié sa réplique à une novice alors qu’elle venait de prendre l’habit des religieuses de la charité de Nevers. Cette jeune novice avait surpris Bernadette de Lourdes en train de réciter le chapelet, agenouillée devant une statue de Saint Joseph !

– Vous avez une distraction, lui dit une sœur !
– La Sainte Vierge et Saint Joseph sont parfaitement d’accord, et au ciel, il n’y a pas de jalousie ! répondit Bernadette.

Rire enjoué de l’humble sainte de Massabielle ! Elle racontera aussi comment elle s’est moquée du grelot sur le chapeau du commissaire qui l’interrogeait. Puis, avec émotion, elle évoquera son papa, François Soubirous, mort le 4 mars 1871. Il était « celui que j’avais de plus cher au monde ».

A ce moment-là, Bernadette réalise que Saint Joseph est en quelque sorte devenu son père spirituel. Elle en fera confidence au mois d’août 1872. Elle est à l’infirmerie et elle dit à celles qui se trouvent là :
– Soyez bien sages, je vais faire une visite à mon père…
– Votre père ?
– Vous ne savez donc pas que, maintenant, mon père, c’est Joseph ?
Désormais, dira Bernadette, « Joseph est mon père et le patron de la bonne mort ». Elle retrouve en Joseph son père de la Terre qui n’est plus avec elle. Au lieu de sentir son père s’évanouir dans le passé, Bernadette le retrouve en Joseph, et le lien qu’elle établit entre père et patron de la bonne mort est significatif.

Jeanne Jugan

Au XVIIIe siècle, sa renommée courait jusqu’en Grande-Bretagne. Charles Dickens en personne n’était-il pas venu visiter l’une de ses maisons, en Ille-et-Vilaine ? Puis on a oublié Jeanne Jugan, l’humble Cancalaise née sous la Terreur, fille d’un terre-neuvas disparu en mer. Lors de sa canonisation, Benoît XVI rendra l’ultime hommage à l’ancienne aide-cuisinière et aide-infirmière qui fonda les Petites Soeurs des pauvres, pour venir en aide aux personnes âgées nécessiteuses ou malades. Forte de ses 202 maisons, Les Petites sœurs des Pauvres essaime désormais sur les cinq continents.

Elle a sa place à ce repas, cette fondatrice. Vraiment.

C’est que, dès 1846, Saint Joseph est pris pour protecteur spécial puis comme protecteur de la Congrégation entière en 1851.

Très humble, elle  a connu une longue traversée du désert, le pays de l'oubli, ignorée de tous bien que fondatrice. C’est ainsi que l’évêque de Rennes vint recevoir l’engagement de 23 petites sœurs le 25 juillet 1856. L’abbé le Pailleur prit la parole en qualité de supérieur général. Il adressa un mot aux sœurs anciennes qui se trouvaient là, les nommant chacune par leur nom et les saluant comme les piliers de la congrégation.

 « Pas un mot à son sujet !  Silence total ! Oubli absolu ! Elle n’existait plus. Elle n’avait jamais existé. Jeanne qui était présente ne dit mot… Peu importe qu’on la voie ou non .. Elle fleurit tout simplement. Son silence est celui de l’éternelle beauté qui est au-delà de tout nom. Elle est vue de Dieu. Cela suffit. » (Eloi Leclerc- Jeanne Jugan, Le désert et la rose.)

Elle ne prendra pas la parole, Jeanne, tout étonnée que les hôtes aient remarqué sa présence. Mais être vue de Dieu, cela lui suffit ! Respect Jeanne !

Ste Thérèse d’Avila

Avant même qu’elle n’ouvre la bouche, un pape récite par cœur cette citation extraite de l’ autobiographie VI, 6. de cette grand sainte réformatrice du Carmel :

« Je pris pour avocat et maître le glorieux saint Joseph et je me recommandai beaucoup à lui. De cette détresse comme d'autres plus graves, où l'honneur et l'âme étaient en danger, je vis clairement mon père et Seigneur me tirer avec plus de profit que je ne savais lui en demander. Je n'ai pas souvenir, jusqu'à ce jour, de l'avoir jamais supplié de m'accorder quelque chose qu'il m'ait refusé. »

Thérèse d'Avila est sidérée et elle confirme ! Elle annonce elle-même la suite de son autobiographie que le pape n’a pas retenu !

« Ce glorieux saint me secourt en toutes circonstances… Jusqu’à présent, saint Joseph n’a jamais omis de faire ce que je lui demandais. Il est étonnant de voir quels immenses dons Dieu m’a accordée par l’intermédiaire de ce saint béni ; de quels dangers il m’a libérée, tant du corps que de l’âme. Cela a été confirmé -par ma propre expérience, mais aussi par plusieurs autres personnes à qui j’ai dit de se confier à lui. Beaucoup qui, faisant l’expérience de cette vérité, ont renouvelé leur dévotion envers lui. »

Voilà  . Il ne me reste plus qu’à proposer  à l’assemblée d’écrire sur un bout de papier une intention de prière confiée à Saint Joseph.

Les personnes qui le désirent peuvent  faire un dessin !

J’aime bien, en conclusion,  raconter l’histoire de ce prêtre au Pérou qui, se déplaçant dans la montagne pour visiter ses paroissiens avait vraiment besoin d’un âne pour porter ses bagages. Un de ses amis lui conseilla de faire un dessin de cet âne et de le placer sous la statue de saint Joseph.

Or, voici qu’un voisin lui offre un âne. Sa prière a été exaucée mais  l’âne n’a pas de queue. Il s’en ouvre à son ami et lui explique ce détail. « Regarde ton dessin, tu as oublié de faire la queue de l’âne ! »

Joseph a bien exécuté le dessin.

Mais Il faut être précis avec Saint Joseph !

J’en termine avec ce repas ! Il reste une place libre… Prenez-là ! Et que diriez-vous de faire de  Joseph, l’ami, votre ami ?

Article publié par emmanuel canart • Publié le Samedi 02 avril 2022 • 389 visites

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