Homélie Noël 2021

Thérèse, Charles, Paul … et nous !

 

3 lieux, 3 destins, une même date : le 25 décembre1886 !

 

3 lieux !

  • La Cathédrale de Lisieux
  • La basilique de Bethléem
  • La Cathédrale Notre-Dame de Paris

 

Trois destins bien différents !

  • Celui d’une jeune fille âgée de 13 ans, hypersensible et capricieuse, Thérèse
  • Celui d’un officier de l’armée française qui a connu le luxe et la luxure, Charles !
  • Celui d’un immense poète, proche du désespoir, Paul

 

Trois destins qui basculent dans la nuit de Noël 1886 !

 

THERESE DE LISIEUX

 

La jeune fille n’est autre que Ste Thérèse de Lisieux. Elle ne se remet pas de la mort de sa mère et son caractère est devenu triste et capricieux à l’excès.

« Ce fut le 25 décembre 1886 que je reçus la grâce de sortir de l’enfance, en un mot la grâce de ma complète conversion. Nous ­revenions de la messe de minuit où j’avais eu le bonheur de recevoir le Dieu fort et ­puissant. En arrivant aux Buissonnets, je me réjouissais d’aller prendre mes souliers dans la cheminée ».
Mais la Petite Thérèse entend que son père fatigué au retour de la messe de minuit (peut-être à cause de l’homélie du prêtre) lâche en voyant les souliers dans la cheminée : “Enfin, heureusement que c’est la dernière année !”

Le cœur de Thérèse est transpercé, elle est au bord des larmes et monte dans sa chambre. Sa sœur et son père craignent une explosion et une soirée désastreuse .. Mais soudain, en un instant, Thérèse n’était plus la même, Jésus avait changé son cœur ! « Refoulant mes larmes, je descendis rapidement l’escalier et comprimant les battements de mon cœur, je pris mes souliers et les posant devant Papa, je tirai joyeusement tous les objets, ayant l’air heureuse comme une reine. Papa riait, il était redevenu joyeux et Céline croyait rêver ! » « En cette nuit de lumière commença la troisième période de ma vie, la plus belle de toutes, la plus remplie des grâces du Ciel… En un instant l’ouvrage que je n’avais pu faire en dix ans, Jésus le fit se contentant de ma bonne volonté qui jamais ne me fit défaut. « En cette nuit où [Jésus] se fit faible et souffrant, écrit Thérèse, Il me rendit forte et courageuse. » 

Elle est guérie de son égocentrisme d’enfant ! Elle deviendra « la plus grande sainte des temps modernes » (Pie X) et docteur de l’Église.

 

CHARLES DE FOUCAULD

 

Le deuxième n’est autre que Charles de Foucauld ! déclaré bienheureux en 2005 par le pape Benoît XVI et qui sera bientôt canonisé. Deux mois après sa conversion en l’église Saint-Augustin à Paris, il vit une Nativité dans l’adoration émerveillée de ce Dieu qui se fait homme « dans l’abjection et l’obscurité », et qu’il n’aura de cesse d’imiter.

 

« J’avais été élevé chrétiennement, mais dès l’âge de 15 ou 16 ans, toute foi avait disparu en moi, les lectures dont j’étais avide avaient fait cette œuvre ; je restai dans le doute complet, surtout éloigné de la foi catholique dont ­plusieurs dogmes, à mon sens, choquaient profondément la raison… Au même âge, ma vie devint dissipée (…). Je faisais le mal, mais je ne l’approuvais, ni ne l’aimais… Vous me faisiez sentir une tristesse profonde, un vide douloureux, une tristesse que je n’ai jamais éprouvée qu’alors (…). Mon Dieu c’était donc un don de vous… Comme j’étais loin de m’en douter ! »

 

À 17 ans j’étais tout égoïsme, tout vanité, tout impiété, tout désir du mal, j’étais comme affolé… écrira-t-il. J’étais dans la nuit. Je ne voyais plus Dieu ni les hommes : il n’y avait plus que moi. »

 

Sa 1° dose de conversion lui est injectée dans une église parisienne : « je me mis à aller à l’église, sans croire, ne me trouvant bien que là et y passant de longues heures à répéter cette étrange prière : “Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse !” (…). On me parla d’un prêtre très distingué (l’abbé Huvelin), ancien élève de l’École normale ; je le trouvai à son confessionnal et lui dis que je ne venais pas me confesser car je n’avais pas la foi, mais que je désirai avoir quelques renseignements sur la religion catholique (…). Je demandais des leçons de religion : il me fit mettre à genoux et me fit me confesser, et m’envoya communier séance tenante. » … « Merci… sans fin merci, Seigneur ! (…) Il n’y a pas d’état si méprisé, si méprisable, d’où vous ne tiriez les âmes, non seulement pour les sauver mais pour les attirer, mais pour en faire vos favoris, pour les élever à une grande sainteté. »

Sa 2° dose ? le soir de Noël 1886. Elle se résume en une phrase du sermon de l’abbé Huvelin, (il ne cessera de la décliner jusqu’à son assassinat, en 1916) :Jésus, Vous avez tellement pris la dernière place que jamais personne n’a pu Vous la ravir ». « Aussitôt, je compris qu’il y avait un Dieu. Je compris que je ne pouvais faire autrement que vivre pour lui »

La 3° dose sera injectée en 1888, à Bethléem, Charles de Foucauld passera Noël à Bethléem.  Ce pèlerinage renforcera sa vocation à imiter Jésus, à Le suivre dans son effacement et son humilité, dans la vie de Nazareth…

PAUL CLAUDEL

Le troisième n’est autre que l’un des plus grands poètes chrétiens : Paul Claudel. Ainsi, ce 25 décembre 1886, ce jeune écrivain agnostique devient soudain catholique en assistant, dilettante ennuyé, aux vêpres à Notre-Dame de Paris.

 

Sa 1° dose lui est communiquée par la lecture Arthur Rimbaud à qui il voue une éternelle reconnaissance (grâce à la lecture des Illuminations, puis, quelques mois après, d’Une saison en enfer). Claudel écrit : « Pour la première fois, ces livres ouvraient une fissure dans mon bagne matérialiste et me donnaient l’impression vivante et presque physique du surnaturel » mais « mon état habituel d’asphyxie et de désespoir restait le même. J’avais complètement oublié la religion et j’étais à son égard d’une ignorance de sauvage ».

 

Sa 2° dose de conversion sera un soir de Noël à Notre-Dame de Paris : « j’assistais, avec un plaisir médiocre, à la grand’messe. Puis, n’ayant rien de mieux à faire, je revins aux vêpres. J’étais moi-même debout dans la foule, près du second pilier à l’entrée du chœur à droite du côté de la sacristie. Et c’est alors que se produisit l’événement qui domine toute ma vie. En un instant mon cœur fut touché et je crus. Je crus, d’une telle force d’adhésion, d’un tel soulèvement de tout mon être, d’une conviction si puissante, d’une telle certitude ne laissant place à aucune espèce de doute, que, depuis, tous les livres, tous les raisonnements, tous les hasards d’une vie agitée, n’ont pu ébranler ma foi, ni, à vrai dire, la toucher. J’avais eu tout à coup le sentiment déchirant de l’innocence, l’éternelle enfance de Dieu, une révélation ineffable… »

 

THERESE, PAUL, CHARLES … et NOUS !

 

  • A Ste Thérèse, je confie ceux qui parmi nous souffrent d’une hypersensibilité, d’un égocentrisme maladif, d’un mal-être profond, d’une blessure jamais refermée sécrétant tristesse et lassitude… pour qu’ils retrouvent ce soir leur force d’âme et une joie profonde !
  • Au bienheureux Charles de Foucauld, je confie ceux qui sont dominés par le goût du luxe et du désir de paraître, ceux pour seul eux-mêmes comptent pour qu’ils cherchent la dernière place que personne n’a pu ravoir à Jésus, pour qu’il retrouve la joie de l’humilité
  • A Paul Claudel, je confie ceux qui sont rongés par le désespoir, asphyxiés par le matérialisme et les doutes … pour qu’il retrouve la joie d’exister vraiment, d’innocence venue de Jésus.

 

Article publié par emmanuel canart • Publié le Mercredi 30 mars 2022 - 16h11 • 707 visites

keyboard_arrow_up