Homélie 12 juin 2022 Trinité

« Va donc voir la fourmi, toi qui es paresseux, , observe son comportement et tu apprendras la sagesse. Elle n’a ni surveillant, ni contremaître, ni chef. Durant l’été, elle prépare sa nourriture, au temps de la moisson elle amasse ses provisions. Et toi, paresseux, combien de temps vas-tu rester couché ? Quand donc sortiras-tu de ton sommeil pour te lever ? " (Proverbes 6. 6 à 11)

De Jean de la Fontaine ? Non ! Un proverbe venu tout droit de la bible ! En voici une autre, plus tendre, plus touchant pour cette période de mariage !


"Il y a trois choses qui sont au-dessus de ma portée, Même quatre que je ne puis comprendre :  La trace de l'aigle dans les cieux, La trace du serpent sur le rocher, La trace du navire au milieu de la mer, Et le chemin de l'homme vers la jeune femme." (Proverbes 30, 18-19)

Ils viennent tous deux du livre des Proverbes, dans l’Ancien Testament ! Ils sont tirés de la seconde partie de ce livre (chapitres 10 à 24 surtout), un vrai recueil de dictons sur la bonne et la mauvaise manière de vivre.

La première partie de ce livre des Proverbes est plus compliquée, il s’agit notamment d’une méditation sur la Sagesse ! L’un des passages les plus poétiques de la Bible. Il ne s’agit pas de la sagesse que vous aviez (ou pas !) étant petits …

Il s’agit de la Sagesse avec un S majuscule ! De la Sagesse personnifiée ! La tradition chrétienne voit en cette Sagesse le Fils de Dieu ! Ce fils qui s’incarnera en Jésus ! Ce livre des Proverbes nous rapporte de façon étonnante les confidences de la Sagesse, du Fils de la Trinité donc !

« Avant que le Seigneur n’ait fait la terre et l’espace,
les éléments primitifs du monde.

Quand il établissait les cieux, j’étais là,
quand il traçait l’horizon à la surface de l’abîme,
    qu’il amassait les nuages dans les hauteurs
et maîtrisait les sources de l’abîme,
    quand il imposait à la mer ses limites,
si bien que les eaux ne peuvent enfreindre son ordre,
quand il établissait les fondements de la terre.
    Et moi, je grandissais à ses côtés.

Je faisais ses délices jour après jour,
jouant devant lui à tout moment,
    jouant dans l’univers, sur sa terre,

et trouvant mes délices avec les fils des hommes. »

Un pan de notre foi vient d’être exposé ! Avant notre monde, il y avait Dieu ! Il y avait la Sagesse jouant à ses côtés !!!!

Livrons-nous maintenant à un exercice d’imagination, avec l’aide du travail (publié dans The Dragons of Eden en 1977) de Carl Sagan (1934-1996) ! Cet astrophysicien américain établit un calendrier résumant en une seule de nos années toute l’histoire de l’Univers. Le départ est donné par le Big Bang, le 1er janvier à 0 heure, et notre présent est représenté par le 31 décembre à minuit. La durée réelle de cette année condensée est de 13,8 milliards d’années puisque c’est l’âge de l’Univers.

Le cosmos naît donc le 1er janvier. Et, très vite, probablement dans la nuit du 2 au 3 janvier, les premières étoiles apparaissent. Les premières galaxies se forment à partir du 10 janvier mais il faut attendre longtemps – jusqu'aux alentours du 12 mai – pour que la nôtre, la Voie lactée, prenne sa forme de spirale dotée de bras, même si certains de ses constituants existent depuis un bon moment. De nombreux événements ont lieu au cours des semaines qui suivent mais, si l’on opte pour un point de vue anthropocentrique, la principale étape suivante est l’éclosion, le 2 septembre dans un coin un peu reculé de la Voie lactée, de notre Système solaire. La Terre en fait évidemment partie et c’est sur notre planète que se concentre, pour les quatre derniers mois de l’année, le calendrier cosmique.

La vie est apparue assez rapidement, le 9 septembre, sous la forme d'organismes monocellulaires. Les premiers êtres pluricellulaires entrent en scène début novembre mais c’est dans la seconde moitié du mois de décembre que l’arbre du vivant va se ramifier à toute allure. Le prologue de ce que l’on appelle l’explosion cambrienne se joue le 14 décembre. Ce jour-là, les premiers animaux, des éponges, sont signalés. Le 17 décembre, les arthropodes débarquent, avec notamment les fameux trilobites, rejoints le 18 par les poissons, le 20 par les plantes terrestres, le 21 par les insectes, le 22 par les amphibiens et le 23 par les reptiles.

Dans notre calendrier cosmique, le jour de Noël, le 25 décembre, marque la naissance... des dinosaures qui vont dominer la Terre pour quelques jours. Le 26, les premiers mammifères se manifestent enfin, un jour avant les oiseaux et deux avant les fleurs. A l’aube du 30 décembre, un gros astéroïde percute notre planète, provoquant la disparition des dinosaures à l’exception des oiseaux. Le même jour, comme pour symboliser un changement d’ère, les premiers primates font leur apparition dans la classe des mammifères.

Nous sommes presque arrivés au terme de notre calendrier, aux petites heures du 31 décembre, le dernier jour de cette année dans laquelle on a condensé toute l’histoire de l’Univers. De la matière créée le 1er janvier un foisonnement de mondes a jailli, des myriades de galaxies, d’étoiles et de planètes. C’est cette matière qui est le fil conducteur de l’histoire. A nos yeux, il y a pourtant un absent : l’homme, qui n’est toujours pas paru sur le grand théâtre cosmique. Toute son évolution va se jouer sur ce dernier jour de l’année.

Le lointain ancêtre des grands singes apparaît peu après 14 heures en ce 31 décembre. Dans la soirée, vers 20 heures, la lignée humaine se sépare de celles des chimpanzés. Un peu avant 23 heures, Homo erectus se promène à la surface de la Terre. Homo sapiens, l’homme moderne, s’invite enfin sur la scène du monde à 23h48. A 23h59mn20s, il orne la grotte de Lascaux. Dans les secondes qui suivent, il invente l’agriculture. A 23h59mn47s, il commence à écrire et à fondre les métaux. Deux secondes plus tard, il construit les grandes pyramides de Gizeh.

Les dix dernières secondes

Nous voici dans les dix dernières secondes du calendrier, dix secondes qui recouvrent l'essentiel de ce que l'homme appelle Histoire et qui, ramenées sur une année entière, donnent la mesure de notre place minuscule dans l’Univers. Dix secondes avant la fin de cette année, à 23h 59 mn et 56 secondes, le Christ marche vers le Golgotha et donne à chaque pas de chaque homme une dimension d’éternité ! Trois secondes plus tard, Christophe Colomb foule le rivage de l’Amérique. Armstrong rebondit sur le sor de la lune à 23h 59 et 59,935 s… Et vous, ce soir, dans cette église, vous entendez les 12 coups de minuit du 31 décembre

Et bien, avant cette année, cette histoire de l’univers, Il y avait Dieu ! il y avait la Sagesse ! La Trinité !

Cet exercice nous rappelle que nous sommes bien petits, nous qui sommes nés le 31 décembre à 23h59 minutes et 59 secondes et 999 millièmes de seconde …Si petits devant l’histoire de l’Univers !

Mais si grands !!! Grands parce que déjà dans le cœur de la Trinité avant même le Bing Bang !

Ecoutons à nouveau ce psaume 8 que nous venons de lire et qui chante la grandeur de l’homme !

À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts,
la lune et les étoiles que tu fixas,
qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui,
le fils d’un homme, que tu en prennes souci ?

Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu,
le couronnant de gloire et d’honneur ;

Ce livre des Proverbes nous dit que nous venons de plus loin que de l’amour de nos parents, plus loin que de cette terre, nous venons de Dieu, de la Sagesse de Dieu !

Nous nous questionnons sur notre identité, « qui sommes-nous » ?

Nous nous questionnons sur notre l’avenir : « Où allons-nous ? »
Méditons d’abord sur notre provenance ! Nous sommes grands, nos vies sont belles, nous sommes mêmes un peu moindre qu’un Dieu … parce que présents depuis toujours dans le cœur de la Trinité ! Et parce que la Sagesse, le Fils trouve ses délices avec nous !

 

 

 

Article publié par emmanuel canart • Publié le Dimanche 12 juin 2022 • 415 visites

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